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Depuis que les mots sont connus de l’homme et que la parole les horrifie, les charme et les émerveille, les histoires jalonnent celle de nos ancêtres. Doués d’imagination, ils parvinrent à créer des œuvres qui pour certaines se faufilèrent jusqu’à notre ère. Par l’action du temps, par les changements du langage, et par les défaillances de la mémoire, il en fut certaines que l’on oublia et d’autres qui furent ignorées, par raison ou par crainte. De toutes celles qui survécurent, refusants leur trépas et marquées d’une trace inaltérable, peu d’entre elles ne subirent l’injure de l’âge. Les langues qui se délient sont portées, trop souvent, à embellir le souffle qu’elles chantent.
Mais il existe, en tout temps, des murmures avérés dont l’authenticité est incontestable. Ces murmurent, autrefois plus bruyants, n’étaient que des illustrations, gestuelles et chevrotées de fines lèvres, de scènes aperçues suggérant nombre de conversations possibles que leurs porteurs fidélisaient ou écorchaient par leur humeur. Les anciens ne pensèrent plus à se concerter, leurs souvenirs se différencièrent au gré de leurs voyages, s’adaptant ainsi aux nouvelles cultures et autres sagesses qu’ils rencontrèrent. Ainsi naît une histoire, enclin à devenir légende.


L’histoire que je vais vous conter fut écrite de la main d’un homme, anglais par sa langue natale, il y a quelques années. Un homme regretté mais dont l’œuvre perdurera dans les siècles. Il se trouvait être bien plus érudit que je le suis dans ce présent, et sa sagesse ainsi que ses multiples influences l’inspirèrent à la construction d’un ouvrage ouvert et capable de délecter ses témoins par la finesse de son esprit et le remaniement de ce qui fut.
Je ne connais que trop bien cette histoire pour l’avoir lu, écouté et regardé mais cependant c’est de la voix d’un mourrant que j’entendis les premiers traits de celle-ci. Ma curiosité fut avivée au son de mots tels que Vommite et Terre du Centre. Par les paroles du vieillard naissait en moi la passion du mythe.
Je ne fut pas déçut lors de ma première lecture de celle qui fut écrite, tout au contraire elle m’inspira le respect et au-delà une admiration implacable pour son auteur. Il avait fait de celle que j’entendis une admirable et bouleversante aventure pourvue de symboles pénétrant le cœur des mortels. Mon maître était sur sa limite, entre le terme de sa vie et le sommeil qui résonne dans l’éternité. Son dernier souffle, frappant de son écho les parois trop étroites de ma conscience, me demandait une dernière volonté…celle qu’il n’eut jamais le courage de faire en cent vingt années passées parmi le dernier peuple d’âme de la Terre.
Cela fera bientôt soixante sept ans que l’hésitation et la peur de parlé, le vrai, m’emprisonnent : Où le faire ? Comment et qui l’entendra ? Les tortures sont parfois dans les êtres, elles nous lassent à chacun de nos pas…et si vous saviez ce qu’elles font quand nos yeux se ferment…

Voici l’histoire originelle, avec le devoir de la préserver hors du temps et des mœurs. Puisse t-elle vous séduire… :